Environ 85% des bassins versants du pays sont fortement dégradés ou en cours de dégradation très rapide, causant de fréquentes inondations dans le pays, un épuisement ou une disparition des facteurs de base de la production agricole avec des effets néfastes sur les infrastructures de production en aval.
Du fait de son relief, de son climat et de son insularité, Haïti bénéficie d’une écologie variée et de ressources naturelles diversifiées. Cependant le pays est entraîné depuis plusieurs décennies dans un processus de décapitalisation des ménages ruraux et de désertification du milieu. En effet, face à l’augmentation de la population, à la demande croissante de produits vivriers et aux superficies agricoles limitées, les superficies en culture se sont accrues au point de dépasser de 20 à 30% celles aptes à l’agriculture. La situation est similaire dans le domaine des ressources forestières qui fournissent la plus grande partie de l’énergie et des matériaux de construction. Les prélèvements sont de 3 à 4 fois supérieurs aux rendements des formations forestières, les forêts ne couvrent plus que 1 à 2 % de la superficie du pays, 25 des 30 bassins versants sont dénudés. La diversité biologique des différents écosystèmes du pays est en voie de disparition accélérée. L’extraction des roches destinées à la construction (2,5 millions de m3 par année) déstabilise le terrain et dégrade le paysage.
L’aménagement intégré des bassins versants constitue une des priorités majeures du gouvernement. L’expérience a montré que ce volet, pour être performant, doit être orienté vers des actions qui visent le développement local dans son intégralité (économique et social).
Contraintes
Les principaux facteurs à l’origine de cette dégradation de l’environnement sont :
Potentialités
Les potentialités sont liées à un certain nombre de facteurs favorables : une grande variabilité agro-écologique, une pluviométrie relativement abondante, des ressources en eau peuvent être utilisées en irrigation collinaire.
Analyse et vision stratégique du développement du sous-secteur
Au cours des vingt dernières années l’approche bassins versants a évolué vers l’aménagement participatif et intégré dans un cadre de développement local. Les aspects relevant dans cette nouvelle approche peuvent être résumés comme suit : 1) la gestion des ressources naturelles ne peut pas se faire sans la participation des utilisateurs de ces ressources ; 2) l’interaction entre l’amont et l’aval des bassins versants, en prenant en compte les points de vue des populations des montagnes ; 3) les participants doivent avoir la capacité de décision et de responsabilité et 4) la participation des différents acteurs (population, associations, services de l’Etat, ONG, compagnies privées) demande du temps pour la mise en place d’un processus de compréhension et d’appropriation.
Depuis quelques années, la décentralisation et le renforcement des collectivités territoriales ont été placés comme priorités dans l’agenda du gouvernement Haïtien. Pour ce faire, beaucoup de projets de développement local ainsi que des plans ont été élaborés ; on peut citer entre autres, les Plans de développement local du FAES, de l’USAID/LOKAL, Banque Mondiale/PRODEP, etc. Actuellement, des projets pilotes, ainsi que beaucoup d’autres interviennent dans le renforcement des capacités et représentent des modèles (leçons apprises) pour d’autres projets en cours d’élaboration, tel est le cas des projets GCP/HAI/019/CAN de la FAO à Marmelade – Plaisance, PADELAN de l’ACDI. Cependant, l’expérience d’Haïti montre aussi que la décentralisation et le renforcement des organisations locales doivent être accompagnés d’un plan de financement adéquat en lien avec des filières compétitives pour que l’investissement soit durable.
Ce processus de décentralisation a donné lieu au transfert de responsabilités vers les administrations locales. De ce fait, la gouvernance locale est devenue progressivement un aspect très important dans l’aménagement des bassins versants. Dans le cas d’Haïti, différents projets ont développé une approche « Aménagement des bassins versants – Développement local », dans un processus de concertation et de négociation.
La durabilité des actions impose que les autorités locales et la population soient impliquées dès la conception. Il s’agira de promouvoir, en collaboration avec les autres entités de l’Etat, la création des Comités communaux de concertation et de planification (CCCP) formés par la société civile, les représentants de différents bureaux décentralisés (MPCE, MARNDR, MICT, MSPP, etc.), les autorités locales, des ONG travaillant dans les bassins versants, afin d’aménager et de gérer les bassins versants dans le cadre du développement local. A noter que d’un point de vue institutionnel, en décembre 2000, le projet PRODETER avait élaboré la Politique nationale des bassins versants que le MARNDR avait approuvé. Cependant, plusieurs actions prévues n’ont pas été mises en œuvre.
Les grands axes de la stratégie retenus, pour l’aménagement des bassins versants, dans la Politique de développement agricole 2010-2025 du MARNDR sont les suivants :
Description des interventions retenues
Les éléments de stratégie retenus doivent permettre de réhabiliter les bassins versants dégradés, par des interventions harmonieuses, efficaces et durables, visant l’amélioration des conditions socioéconomiques des communautés rurales et entrainant une diminution de la pression sur le milieu. En raison de la situation particulière créée par le séisme du 12 janvier, l’aménagement intégré des bassins versants doit se dérouler en deux séquences : le court terme et le moyen-long terme. Pour le court terme, les actions suivantes seront mises en œuvre :
Pour des raisons stratégiques il a été décidé de donner priorité à l’aménagement intégré des bassins versants liés directement à des périmètres irrigués, car ils peuvent contribuer significativement à une meilleure sécurité alimentaire du pays. Citons entre autres les bassins versants de la Grande Rivière du Nord, de Saint Raphael, de Limbé, de la plaine de Maribaroux, de la Quinte, de l’Artibonite, de Saint Marc/Cabaret, la Rivière Grise, de Léogane, de Cavaillon, des Cayes.